Le village kabyle

Kabylie

Axxam désigne la maison, et par extension tous ceux qui l'habitent (la famille). C'est la plus petite cellule sociale et, par conséquent, elle est d'une importance capitale au sein de la société kabyle. Plusieurs familles liées par une descendance commune -à la quatrième ou cinquième génération- se composent pour former taxxarubt. Le répondant de taxxarubt est le tamen qui le représente aux assemblées de tajmaat l-laakwal, réunion des notables qu'il faut distinguer de la simple réunion des citoyens. Le tamen est le répondant du village vis-à-vis de axxarub, et de celui-ci vis-à-vis du village. C'est à lui que l'on remet tavzart (cotisation du village) et la part de la viande, lors de la timecret, cérémonie du partage de viande. Plusieurs ixxarben (pl.de axarub) peuvent avoir des liens de solidarité supplémentaire : elles se regroupent alors en adrum (pl.iderma). Plusieurs iderma forment le village, dont le responsable est amghar n-taddart, agent d'exécution des décisions de tajmaat (assemblée du village).

L'ensemble des villages constitue l'aarc (tribu). Celui-ci a son assemblée propre, composée des représentants des villages.
L'aarc n'est pas toujours formé de descendants lointains d'un même ancêtre fondateur. Il a son territoire, sa frontière, et on peut à ce titre le considérer comme une division topographique; on peut même parler d'un groupement de localités :
ses membres sont liés d'abord par le voisinage et par la nécessité de maintenir la paix dans les lieux qu'ils habitent. Mais il s'agit aussi d'un groupe social dont la parenté ethnique est plus supposée que réelle (ex.Aarc n-ait yegger).

Le village, taddart, est l'unité publique et administrative fondamentale de la société kabyle. Il a son territoire propre séparé et réservé, aux limites toujours connues; il a aussi sa propriété (terrain de pâture et de parcours). La forme et groupement des villages, tuddar, est caractéristique : juchés sur un piton, les habitations tournent le dos à l'extérieur et se groupent formant enceinte, ce qui rend la défense aisée. Car il ne faut pas oublier que le kabyle est essentiellement arboriculteur (l'économie repose sur trois arbres principaux : olivier, figuier, cerisier, avec des cultures complémentaires : blé et orge).
Le village est en général parcouru de une ou de deux ruelles étroites qui le traversent de part en part. Les ruelles latérales sont sans issue et ne sont utilisées que par les habitants dont les maisons se trouvent dans le cartier.

Le village kabyle est habituellement divisé en deux, le haut et le bas : l'hara ufella, l'hara bbadda. Tout village kabyle a sa tajmaat, dont le rôle traditionnel consiste à faire appliquer les sanctions portées par l'qanun n'taddart (règles, lois du village), à résoudre les différends entre famille, à régir les intérêts communs. Elle cumule à la fois le législatif et l'exécutif. L'agent de cette assemblée est amghar n-taddart; il est désigné par un consentement commun sans qu'il y ait eu lieu d'élection à proprement dit.

Arts et parures en Kabylie

Les Berbères des régions montagneuses du nord-est de l'Algérie sont connus sous le nom de Kabyles. Traditionnellement, la société kabyle était organisée en petites communautés agricoles gouvernées par des conseils tribaux. Sous la domination coloniale française (1830-1962), l'économie de subsistance de la Kabylie a souffert et de nombreux hommes ont émigré vers les villes d'Algérie et de France à la recherche de travail. Malgré ce flux sortant et les efforts plus récents d'arabisation de l'État algérien, les Kabyles ont conservé un fort sentiment d'identité amazighe, et la Kabylie est désormais le centre d'un mouvement de défense des droits amazigh dynamique. 

Dans la société kabyle traditionnelle et dans d'autres régions berbères à travers l'Afrique du Nord, les femmes étaient les créatrices de nombreux objets utilisés dans la vie quotidienne. Le tissage et la fabrication de poterie étaient des activités menées parallèlement à d'autres travaux domestiques. En créant un pot ou un textile décoré, une femme s'appuierait sur un vocabulaire commun de symboles géométriques, tout en travaillant dans la tradition du design de sa propre tribu ou village. Même les objets les plus simples montrent une vision esthétique très développée. 

Les arts des femmes à travers le monde berbère ont commencé à changer considérablement à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. L'afflux d'articles ménagers importés et de tissus manufacturés signifie que les femmes n'ont plus à fabriquer de poterie et de textiles pour leur famille. Dans le même temps, les visiteurs européens ont commencé à acheter des arts berbères comme décoration pour leurs propres maisons. Les artisans ont répondu en créant des objets qui ont séduit ce marché étranger. Aujourd'hui, les femmes de toute l'Afrique du Nord fabriquent encore certains articles à usage domestique, mais leurs produits font également partie de l'économie mondiale. 

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Un commentaire

  1. Merci pour l'article. ça me rappelle mon enfance

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